Ce soir là, le téléphone n’arrêtait pas de sonner dans la maison Whitfield. Dallas, assit sur un large et confortable sofa qui se trouvait dans son salon fixait l’objet, sans aucunement l’intention de répondre. Il savait que là, c’était sa mère qui téléphonait, dans le seul et unique but de « voir si tout va bien ». Elle ne pouvait donc pas lui foutre la paix ? Il avait vingt ans, il savait se démerder. Visiblement, April Whitfield semblait penser tout autre chose. Rien qu’à voir la somme qu’elle lui versait chaque mois. C’était plus élevé qu’un salaire de ministre ! Il n’était pas sur la paille, loin de là. Alors elle pouvait se permettre de réduire cet « argent de poche ». La tête rejetée en arrière, le jeune homme fixait le plafond blanc immaculé sur lequel trônait une gravure noire et argentée représentant un soleil, qui avait été faîte à la main par un professionnel. Là encore, c’était un coup de sa mère. Elle avait fait construire la maison sur-mesure, et avait ensuite engagé un décorateur d’intérieur réputé. Chaque pièces étaient différentes, et décorée selon les souhaits de Dallas. Ainsi, le vaste salon où il se trouvait était dans les tons gris, blanc et noir. Des fois, le jeune homme priait pour ne pas être cambriolé (même si les systèmes de sécurités étaient au point, chez lui). La maison était remplie d’accessoire High-tech qui parfois ne lui servait à rien. Comme tout ces robots, pour la cuisine, par exemple. Il n’y allait jamais ! Faire à manger, ça lui passait au dessus de la tête. La seule chose qu’il appréciait énormément, c’était l’immense écran qui descendait du plafond dans le salon. Un véritable écran de cinéma, mais en plus petit. Tout, absolument tout dans cette maison était électronique. Une vie de luxe, qui malgré tout, ne déplaisait pas du tout au jeune homme. Loin de là. Au bout de la vingtième sonnerie, Dallas se redressa de toute sa hauteur. Il se retint de ne pas envoyé le téléphone contre le mur. Elle était chiante, à la fin ! Le garçon prit une profonde inspiration. Non… Ne pas martyriser ce pauvre téléphone… Il ne le mérite pas… Trop tard. D’un mouvement, Dallas arracha le combiné de son socle, et l’envoya faire un baptême de l’air à travers la pièce. L’objet termina sa course explosé contre un mur, avant d’atterrir par terre en mille morceaux. Le jeune homme soupira, soulagé par son geste. Le silence envahit de nouveau sa vaste demeure. C’était un miracle. Dallas fit un tour sur lui-même, regardant tout autour de lui. Sur un coup de tête, il décida qu’il allait prendre un peu l’air. Il monta rapidement les deux étages de la maison, afin de se retrouver dans son dressing, qui était beaucoup trop grand à son goût. Le jeune homme se changea rapidement : il mit un simple jeans, un t-shirt blanc immaculé, des baskets noires et enfin, il attrapa sa veste en cuir. Rapidement, il se retrouva devant la porte d’entrée, les clés d’une de ses voitures en main, la Range Rover, pour une fois. Une fois confortablement installé sur les sièges en cuir couleur crème de son 4x4, il mit le moteur en route. Il ignorait totalement où il allait. Il verrait bien, après tout.

Au bout de cinq minutes, Dallas gara sa voiture n’importe où. Il allait finalement se promener à pied, ça serait mieux que de se promener dans North Lake, à 22h passé, en voiture. Le jeune homme se promena dans les rues désertes de la petite ville. Tout le monde dormait, où était bien confortablement installé chez eux. Dallas lui, n’en avait pas envie. Il s’ennuyait beaucoup, même dans son luxe. Et puis, il avait envie de réfléchir et de prendre l’air, tout simplement. Après quelques minutes de marche, il se retrouva devant l’entrée de la fameuse 13th Road, rue malfamé de North Lake. Eh ouais, même dans les trous, il y avait des endroits louches. Même si North Lake en lui-même était louche. Le garçon hésita avant d’y entrer. En étant flic, il se promenait régulièrement là, mais uniquement en journée. Le soir, il y avait plus de merde. Mais personne n’osait y aller pour autant. Ainsi, il recommença sa marche, mais à l’intérieur de la petite rue sombre, aux allures de film d’horreur. Des gens étaient assit sur des trottoirs. Sûrement des dealers. Il y avait aussi quelques prostituées. Pourtant, malgré les gros lourdauds de cette rue sombre, personne ne s’approchait du jeune homme. En même temps… Il n’avait pas la carrure d’un orvet, et semblait plutôt antipathique, à première vue. Les gens se contentaient de le regarder passé, sans rien dire, continuant leurs petits trafics. Quelques mètres plus loin, un bruit bizarre attira l’attention du jeune homme. Des gémissements… Mais pas dans le bon sens du terme. C’était plutôt… Des signes de douleurs. Les bruits s’arrêtèrent quelques secondes. Dallas chercha d’où est-ce que ça pouvait bien venir. C’est alors que dans un coin sans lumière, il aperçut un corps, allongé par terre. Il s’approcha doucement, avant de s’accroupir à côté. Dallas ne voyait rien, mais il lui semblait que c’était une fille, d’environ son âge. Elle était blessée, et inanimée. L’homme glissa ses doigts sur le cou de la jeune fille. Il pouvait y sentir son pouls… Elle n’était pas morte. Dallas jeta un coup d’œil aux alentours. Personne ne bougea. Eh bien, quoi ? Ils allaient la laisser crever, dans son coin ? Sans même réfléchir d’avantage, il passa sa main sous les jambes de la fille, et l’autre sous sa nuque, avant de la soulever. Elle n’était pas lourde. En s’approchant mieux de la lumière, Dallas eu comme la vision de l’horreur : non seulement elle était évanouie, mais en plus, elle était sacrément blessée… Cou, visage, bras, jambes, tête… Une horreur. Même si les blessures ne semblaient pas très profondes, il fallait agir, avant que ça ne s’infecte. Le jeune homme secoua la tête. Il devait faire quelque chose. C’était son devoir, après tout (même si… Il ne l’avait jamais fait correctement). La vision de cette pauvre fille blessée lui rappelait de très mauvais souvenirs. Ceux passé il y a quatre ans. S’arrachant à cette pensée, Dallas se remit à marcher en direction de sa voiture. Il allait l’emmener chez lui.

Dallas avait déposé le corps inanimé à l’arrière de sa voiture. Il roulait assez vite, mais était pourtant très sûr de lui. Au bout de cinq minutes, le 4x4 pénétra dans le quartier sud de North Lake, le quartier riche. En fin de la rue se dressait grosse maison sur deux étages, c’était la sienne. Une fois devant, il fit le code de l’immense portail électrique, qui s’ouvrit dans les dix secondes, afin de le laisser passer. De là, tout s’enchaîna très vite. Dallas sortit le corps de la jeune fille, et pénétra dans le hall d’entrée. Les pas du jeune homme l’emmenèrent jusque dans le vaste salon. Il posa délicatement la jeune fille blonde sur le gros canapé en cuir, très confortable. Son t-shirt blanc était maintenant maculé de sang. Boh… Tant pis, après tout, ce n’était qu’un vêtement, pas de quoi en faire un drame. Sans plus réfléchir à ses actions, il fonça chercher la trousse de premier soin. Heureusement pour lui, lors de sa formation de policier, il avait suivit un stage, afin de savoir soigner quelqu’un si les secours mettaient du temps à arriver. Dallas espérait vraiment que ça suffirait, parce que sinon, il allait devoir l’emmener à l’hôpital. Assit à côté de la jeune fille, il entreprit de soigner d’abord les plaies sur son visage, puis celles sur son cou et sur ses bras, ainsi que toutes les autres. Il fit un bandage à l’une de ses mains, qui était plus blessée que les autres parties. Une vingtaine de minute après, Dallas avait terminé sa tâche. Pour le reste, il glissa un oreiller en plume d’oie sous sa tête, et déposa un grand plaid en cachemire sur le corps encore inanimé de la blonde. Le jeune homme souffla, soulagé d’en avoir terminé. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à attendre. Il n’en revenait pas d’avoir fait ça. D’avoir réussit à faire son boulot correctement, pour une fois. Sans même se changer, il prit place sur un fauteuil qui se trouvait non loin du canapé, en espérant que l’attente ne serait pas trop longue…